Horaire continu Les Parents d'élèves se mobilisent
L’anarchie règne dans les écoles
· De nouveaux horaires prochainement proposés par le ministère
Décidément,
l’horaire continu suscite encore la colère des Marocains. Instauré en
juillet dernier, le nouveau temps de travail avait fait l’objet d’une
véritable levée de boucliers de part et d’autre. Les banques notamment,
en organisant une grève de protestation, avaient fait plier le
Groupement professionnel des banques marocaines (GPBM) et avaient
obtenu le retour à l’horaire habituel (cf: www.leconomiste.com).
Dans
l’administration, malgré quelques mécontentements, les choses se sont
plus ou moins «tassées» et chacun a tenté de s’adapter à cette nouvelle
organisation du travail. Par contre, dans les écoles, c’est une autre
histoire. Les parents d’élèves n’apprécient pas du tout la formule qui,
selon eux, perturbe le bien-être des enfants. En effet, en l’absence de
mesures d’accompagnement, les écoliers se retrouvent victimes d’un
système qui «a été mis en place sans aucune vision et sans
concertation».
Une circulaire a été diffusée demandant aux
enseignants de proposer des horaires de travail. Les résultats ont été
assez décevants. A l’Académie de Casablanca par exemple, on explique
que les professeurs ont fait preuve «d’égoïsme» dans leurs propositions
d’horaires. «Il était impossible d’accepter des arrangements comme
8h30-13h00. Un enfant ne peut assimiler des cours pendant une aussi
longue période», explique Nasserddine Lhafi, directeur de
l’Académie. «Les élèves passent avant tout», indique un responsable.
Les enfants sont livrés à eux-mêmes entre midi et 14 heures, mangent
des sandwichs dans les pires conditions d’hygiène et trimballent toute
la journée des cartables dignes du calvaire d’un bagnard. Aujourd’hui,
les associations des parents d’élèves se mobilisent et entendent
obtenir gain de cause. «Pas question de sacrifier nos enfants», lance
une dame, employée de banque. A noter qu’une première tentative avait
été amorcée, il y a un peu plus d’un mois. Tentative qui n’avait pas
abouti faute d’une concordance des actions. Récemment, la Fédération
des associations des parents d’élèves (FDAPE) a fait un sondage auprès
des parents et des enfants. Histoire d’avoir l’avis des personnes
concernées. Pour l’heure, cette action se limite au niveau de
Casablanca. Mohamed Qnouch, président de l’Union des fédérations des
associations des parents d’élèves, affirme, cependant, qu’elle sera
élargie à d’autres régions du Royaume. Des formulaires ont été
distribués dans les écoles invitant les parents à exprimer leur avis.
Le dépouillement est en cours et la Fédération assure déjà que les
tendances se précisent: «A l’unanimité, les parents sont contre
l’adoption de l’horaire continu».
L’annonce de nouvelles mesures
est par ailleurs diffusée auprès des établissements scolaires. Elles
seront dévoilées par le ministère au cours des prochains jours. Selon
une source proche du dossier, c’est l’horaire 8h00-15h30, avec de
fréquentes pauses, qui sera proposé. Des arrangements personnalisés
sont aussi possibles, selon les cas.
Par ailleurs, les
établissements pourront faire des «aménagements à la carte» selon la
disponibilité des salles de classe. Il faut rappeler que dans la
majorité des écoles marocaines, plusieurs groupes se relaient la même
salle de cours par manque d’espace et le grand nombre d’élèves. C’est
aussi la raison avancée pour laquelle les écoliers ne peuvent s’alléger
de leurs cartables en les laissant dans des casiers dédiés.
Le
manque de coordination entre les ministères concernés par la question
est saisissant. En effet, il y a deux sons de cloche. D’une part, celui
de l’Enseignement dit qu’il fait tout pour «trouver des formules
adaptées aux besoins des élèves» et, d’autre part, celui de la
Modernisation des secteurs publics annonce des mesures pour rendre
l’horaire administratif plus flexible.
C’est une véritable
cacophonie. Mais une chose est claire, avant de synchroniser les
horaires, il faudra penser à harmoniser l’action du gouvernement.
Mesures d’accompagnement…
Les
mesures d’accompagnement se font toujours désirer. Les responsables ont
au moins le mérite d’être clairs sur un point: les cantines dans les
écoles publiques, faut pas rêver. Même les mesures d’accompagnement les
plus simples ne sont pas acquises. Les espaces libres pour accueillir
les enfants pendant les pauses ne sont pas aménagés, les
accompagnatrices chargées de les garder ne sont pas désignées… Les
écoles privées, en revanche, peuvent plus facilement proposer ces
services, mais à quel prix? Des frais supplémentaires sont demandés aux
parents qui déjà croulent sous la charge des frais de scolarité de
leurs enfants.
Ichrak MOUBSIT (Source : L'économiste, édition du 23/12/2005 www.leconomiste.com )